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samedi 5 septembre 2015

Le Journal du samedi 5 septembre - 19h GMT

"Prière des deux rakaas" de Cheikh Ahmadou Bamba à Saint-Louis


La réputation du Cheikh ne cessa alors de grandir, et certains marabouts inquiets de l'affluence des masses vers le mouridisme commencèrent même à alerter les autorités coloniales sur les mouvements de masses qui d'après-eux présageaient le Jihad.

A la suite de plusieurs dénonciations et rapports alarmants des autorités françaises qui administraient le Sénégal, le Cheikh fut convoqué à se présenter devant le gouverneur général à Saint-Louis, la capitale de l'Afrique Occidentale française (A.O.F).

Quand il reçut l'autorisation prophétique d'aller à la rencontre de ses ennemis, ce fut le 18 Safar 1313.

Il trouva les troupes venus le combattre à Guewel, mais il n'y eut pas de combat en tout cas pas militaire.

Khadim Rassoul ne demanda pas à ses fidèles de prendre les armes et de combattre, mais il leur demanda de combattre leur âme charnelle, tentations de ce bas monde et Satan tout en travaillant honnêtement pour ne pas dépendre des blancs.

Le combat qu'il avait à mener, il le ferait tout seul assisté d’Allah et de son prophète (P.S.L) qui l'ont élu pour cette mission au-delà des possibilités des humains.

Ayant pris le chemin de Saint-Louis pour se trouver devant le gouverneur général qui avait convoqué tous les chefs religieux de l'Afrique Occidentale Française pour leur faire signer un manifeste stipulant que les lois françaises sont en vigueur sur tout le territoire de l'AOF et que même si elles entrent en conflit avec les techniques il faut les appliquer, car elles ont force de loi.

Ceux qui refuseront de signer seront jetés aux lions affamés, mis pour la circonstance au jardin de soi.

Khadim Rassoul, en entrant dans la salle d'audience fit d'abord deux rakaas et pria une prière rituelle avant de répondre aux accusations lancées contre lui à la suite de dénonciations de la part de certains chefs coutumiers ou religieux. Il demanda une confrontation avec ses accusateurs.

Finalement, c'est le manifeste qu'on lui présenta pour signer, mais il demanda une plume qui n'a jamais servi.

Après avoir envoyé acheter une plume à la librairie, le gouverneur eut la surprise de voir Khadim Rassoul écrire en grosses lettres sur le manifeste "Dis, lui ALLAH est Unique. ALLAH est absolu, il n'a point engendré, il n'a point été engendré, il n'a point de semblables.

Finalement, il perçut la Force de la Foi qui animait Khadim Rassoul et ordonna de le jeter aux lions.

Tous les autres marabouts signèrent afin d'échapper au sort que leur réservait le gouverneur général qui était devenu furieux.

Khadim Rassoul était entré dans la cage aux lions sans panique et s'installa sur sa natte de prière pour écrire, alors que le lion regardait sans bouger puis s'approcha pour se mettre à quatre pattes comme un chien de garde.

La nouvelle se répandait dans tout Saint-Louis et le gouverneur était venu voir le spectacle.

Après plusieurs séances de concertations, on décida de faire un conseil privé afin de statuer sur le cas de Khadim Rassoul qui fut finalement condamné à l'exil au Gabon pour une durée indéterminée. Ce qui dans le vocabulaire colonial est un aller sans retour.